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L'UNIVERS DE LA MODE : RÉFLEXIONS


Comme le titre l'indique, j'ai décidé de partager certaines opinions que j'ai par rapport à la mode et le secteur textile. Je vais peut-être plus cash que d'habitude pas pour tailler ou juger juste pour bien poser les idées qui sont dans ma tête.

Cela vaut pour beaucoup de sujets mais je voulais le redire avant de démarrer cet article. Dénoncer un système économique et sociale qui ne fonctionne pas, ne revient pas à dire que tout est à jeter, que tout le monde est à mettre dans le même panier, ou encore que je suis supérieure car je parviens à petit à petit me créer de nouvelles routes et habitudes textiles. Alors, je vous en prie prenez le temps de parcourir mes idées et discutons-en.

Tout d'abord,


1 > Être Coco CHANEL, Karl LAGARFELD, Hubert de GIVENCHY,...n'est pas le but ultime de chaque créateur de vêtement : Non, je ne suis pas une inconnue aigrie =D. Je trouve juste incroyable ce mythe autour du créateur de mode tels des demi-dieux ou déesses. J'ai commencé à penser, à créer des vêtements vers 13 ans après avoir accroché avec la peinture à l'huile. Le tissage de la toile sur laquelle je peignais, m'intriguait. j'ai lu beaucoup de parcours de stylistes connus par le plus grand nombre ou d'autres plus confidentiels et pointus.

Et je me suis très vite rendue compte que l'univers de la mode était une réelle galaxie à part entière avec une organisation et un système hiérarchique bien à elle, diverses planètes et de nombreux codes pour chaque secteur établi.


Personnellement, je pense que les réussites devraient être collectives puisque derrière le nom d'une marque ou d'un label, il y a tout un village et même une ville dès fois. Le Jour où à la fin d'un défilé,on pensera à montrer les personnes qui contribuent à cette féérie...je me dis que nous sortirons peut-être enfin de cet "égo-isation/ narcissi-sation à tout va ".

Nous encourageons une société où parler en " Je " est mal poli car " Je " c'est se mettre trop en avant, c'est être nombriliste, narcissique, égocentrique et hautain. Pourtant cette même société, nous rabâche des parcours "Solo " ou le " Lui ou Elle " est super puissant et s'est fait tout(e) seul(e). Ces mythes de créateurs puissants ou sur-homme/femme, nous frustrent souvent et renforcent nos besoins possessions pour exister ( par procuration ) faute d'avoir cru en nous et parler en " Je " pour se connaitre et créer des vies plus épanouissantes.


Alors que personne ne bâtit une marque ou un label ou un groupe seul. C'est impossible.


Prenons exemple sur le cinéma, il serait bon de remettre à la fin d'un défilé la distribution complète car sans ce collectif, les vêtements et les marques qui nous font saliver, n'existeraient pas.



2> Ces 20 dernières années, nous ne sommes plus dans une mode " artistique " , nous sommes dans une mode " produit " : Ce deuxième point complète le premier. Nous parlons de mode, de tendance, de style et de pièces fortes. Pourtant c'est une industrie qui est souvent devenue un tableau de Wall de Street avec les pourcentages de pertes, de bénéfices, les dividendes à verser aux actionnaires et les parts de marcher à conquérir.


Il est rare maintenant qu'un grand groupe soit indépendant. Les marques sont prospères grâce à leurs chiffres et seulement leurs chiffres aussi non, elles sont liquidées. Basta !

Le mythe " du créatif " est révolu pour de nombreux noms pas tous car certains parviennent à résister à l'appel des investisseurs et de la bourses. Ces dernières années un défilé ou une collection sont plus des consensus pour limiter les pertes et espérer faire des bénéfices car le secteur ne se porte pas bien.

La mode que nous voyons défiler, ne rapporte plus elle est de la poudre aux yeux. Ce qui rapporte c'est faire du shopping sauvage chez ses concurrents pour savoir si sa collection tout public reste en phase avec la concurrence, si les poches sont mises là où il faut, si nous avons bien respecter les codes couleurs pensés 1 ou 2 ans à l'avance par des bureaux de style.


C'est même bureaux qui s'occupent de payer des personnes pour se balader dans le monde afin d'observer les gens, leurs habitudes d'achats, leurs folklores et leurs interdits. Ces données sont traduites en catalogues. Ces catalogues sont consultés par ces enseignes ou marques grandes distributions moyennant paiement. Et ces données constituent la " base " de recherche créative des collections.

Ensuite, on fait appelle à une belle équipe chapeautée par une bonne directrice ou un bon directeur artistique qui est comme un cheval de course doit être performant.


On l’accueille pour son nom et on lui demande de faire du chiffre pour la collection printemps- été, automne-hiver, pré-printemps-été, pré-automne-hiver et accessoires au minimum. Ce directeur ou cette directrice artistique dirige les équipes tailleur, flou, passementerie, cuir, chaussure, sac, imprimé, etc. Elle et il est en charge de véhiculer une vision et de rendre l'ensemble des équipes cohérentes pour respecter l'image de la marque en amenant une petite touche personnelle assez intéressante pour que son contrat soit renouvelé. Lorsque le vent tourne et que cheval ne tient plus la course on le congédie et on prend un nouveau poulain.


En 20ans, le secteur de la mode s'est tellement accélérer qu'il n'est plus là pour créer des vêtements, il fait des produits au rapport risque/bénéfice toujours plus performant. On en demande pas plus à la 2ième industrie la plus polluante après le pétrole.


C'est là que l'arrivée des réseaux sociaux a fait émerger de nouvelles modes avec un retour à l'artistique car oui , la mode est un art mineur. C'est un objet esthétique qui nous accompagne au quotidien. De nouveaux noms/projets textiles plus engagés ont vu le jour. Ils profitent de la gratuité des plateformes digitales grand public ou de niche pour se créer de la visibilité et investir à ailleurs que dans la promotion, la publicité et ainsi parvenir à se développer.



3> Très souvent dans la mode traditionnelle, nous payons la logistique et la pub ( et pour certains le nom) : Oui, en 15ans nous consommons deux fois plus de vêtements. Souvent nos armoires sont toujours remplies ( un ménage belge jette en moyenne 12kg par an de vêtements ) pourtant les marques ont besoin d'écouler leurs stocks, tenir leur chiffre d'affaire et faire des bénéfices. Alors elles investissent à fond, en recherche et développement pour rendre leurs produits rentables et moins chers à produire ou acquérir des technologie innovantes pour avoir plus de poids dans le secteur dans lequel elles évoluent. Elles sont aussi dans une performance point de vue marketing digitale et traditionnel. Puis elles essaient de rendre le délais entre l'achat en ligne ou en boutique toujours plus rapide et pratique. Ce qui induit, l'idée de légèreté derrière l'acte d'achat. Puisque c'est connu " On ne sauve pas des vies avec notre dressing " après tout c'est juste des vêtements. Ça va, ça va vient et on a 15 à 30 jours ouvrables pour les échanger ou les renvoyer (*hors période des soldes, lisez bien la notice ).


Lors d'une campagne Oxfam de sensibilisation aux droits des travailleurs et travailleuses du textile, on remarque que pour un t-shirt acheté 29 euros en Europe, 0.18 euros sont reversés à l’ouvrière ou ouvrier qui l'a cousu pourtant elle ou il travaille en moyenne 12H par jour et n'a droit qu'à un seul jour de congé par semaine ( les chiffres datent de 2017-18 ).




4> C'est plus cool d'être Compétitif que de respecter ses travailleurs et travailleuses : La mode industrielle à débarquer durant les années 70, elle a commencé à accélérer le rythme dans les années 80 pour en venir à créer deux à trois collections par mois durant les années 2010. Nous arrivons à la fin des années 2010 et nous remarquons grâce au " Diagramme de la Courbe de Sourire " que cette augmentation de la production de vêtement c'est fait sur le dos du pôle confection. En 2019, le système économique dans lequel nous évoluons en grande majorité a choisi de valoriser la recherche et développement, la conception, le marketing, la logistique et les services . Alors qu'au départ chaque pôle était un réel pilier pour les marques. Ce qui découle de cette politique du nivellement vers le bas des salaires des personnes qui s'occupe de la production de ses marchandises : on parle de l'agriculteur qui cultive le coton, de certains enfants qui travaillent dans les usines de filature en Inde, au jeune homme qui s'occupent de teindre les tissus et les femmes qui cousent les vêtements.

En 2019, il est plus facile et plus rentable de fermer les yeux sur le traitement des travailleurs et travailleuses du textiles pour devenir ou rester une marque compétitive. Et encore si une marque " se fait prendre " il est plus simple de payer une amande, de lancer une campagne pub & sociale pour redorer son blason. Puis en coulisse clôturer les collaborations avec les entreprises récalcitrantes et trouver un nouvel eldorado de la confection de masse.

En ce moment, c'est Éthiopie ( payé en moyenne 26 euros par mois ) et la Bulgarie ( 98 euros par mois en moyenne ) qui sont convoités. Les gros groupes s'organisent tellement avec de multiples sous-traitants qu'il est souvent bien rare qu'ils soient réellement traduits en justice ou pénalisés.














5> L'univers de la mode aime s’inspirer/ copier le public ou les communautés qu'elle méprise ( c'est connu entre la haine et l'amour...il n'y a qu'un pas ;--) ) : De la haute couture à la mode industrielle en incluant la contre-façon. Les tendances, les pièces fortes viennent souvent des groupes de personnes qu'on snobe, discrimine, déteste et rejette. C'est souvent là que se manifeste l'appropriation culturelle. Cette manière que le secteur du textile a de copier des esthétiques et techniques venues d'ailleurs sans jamais nommer cet ailleurs.


La communauté qui s'est clairement vu spolier son vestiaire c'est les communauté des personnes du voyage : les Roms, les Tsiganes, les Gitans, les Bohémiens et les Manouches. C'est devenu un classique sur les podiums, dans les magazines et boutiques de voir le terme bohème ou gypsy pourtant avez vous déjà vu un article qui donnait la parole à ces communautés des personnes du voyage, pour qu'elles nous décortiquent cette fameuse garde de robe que nous adorons porter/copier. Comme si le fait d'avoir effacé la provenance des motifs, leurs histoires, les traditions et les codes de ce dressing n'était qu'un détail qui le rendait assez chic puisque oui on associe souvent le terme " Chic " à une tendance copier à une communauté " Bohème Chic ou Ethnic Chic " .


Ainsi traduire les beautés d'ailleurs à la manière occidentale ou civilisée ou industrialisée est chic. Je trouve ça assez paternaliste et c'est un pur hold-up encourager par beaucoup d'acheteurs et ça me fend le cœur pour les patrimoines lésés. Ces dix dernières années, on remarque également " sophistication " du vestiaire banlieusard/rappeur pourtant durant les années 90 et début 2000, c'était mauvais genre d'être fringué comme un rappeur ou " quelqu'un des cités ". Et ses rappeurs sont devenus des icônes et rapportent de l'argent donc si ça rapporte...faisons copain/copain avec eux et habillons-nous comme eux. C'est vrai le bandana c'est chic =D.


6> S'habiller ce n'est pas juste une histoire de chiffon ( C'est léger sans conséquence ou superficiel) : Pour l'estime de soi, l'assurance ou non, sa valorisation ou non, ... les vêtements ont des pouvoirs infinis qui se trouvent au delà de leurs fibres, leurs formes, leurs marques et étiquettes. Le vêtement vit avec nous, il flotte sur notre corps et nous accompagne dans nos aventures. Prendre le temps de se créer un vestiaire partenaire pour s'épanouir c'est important pour beaucoup. Les vêtements, c'est à la fois notre carte visite et notre seconde peau. Si ces deux références nous parlent c'est vachement plus épanouissant.


Ces fameux " Chiffons " sont aussi autre chose qu'un sport, un passe-temps. On rit souvent sur le fait d'être " Accro au shopping " , on le met en description de profil " Shopolique " ou " Shopping Addict " comme une fierté, une valeur ajoutée,... Étant dans un non-jugement, ce qui est difficile pour moi à comprendre c'est cette course à la possession. Je suis souvent sur Instagram ( Yes, c'est une source d'inspiration pour moi ) et lorsque je like une tenue et que je mets en commentaire que j'aime la tenue de la personne. Souvent on me répond par le partage du lien de l'article en ligne ou la référence d'achat. Quand je lis ça et je suis dès fois un peu dépitée de voir cette pulsion à l'achat constant.


Je suis quelqu'un lorsqu'elle apprécie quelque chose, elle le dit. Il y a énormément de choses que j'apprécie mais " j'aime beaucoup " très peu de choses. Et j'achète une pièce que si j'ai le sentiment, qu'elle est " faite " pour moi. Je pense qu'on devrait tomber sans cesse en amour de sa garde de robe. Ainsi je crois qu'il y aurait moins de superflu dans nos placards et on mettrait du temps ailleurs que dans des wishlist, des hauls, des virées shopping, etc.

Et oui à presque 30 ans, je vais sembler avoir un discours de " vieille ". Je pense qu'il serait utile et enrichissant pour chacun d'entre nous de nous remettre franchement dans la boucle.

Puisque derrière cette urgence de diminuer notre consommation de textile et acheter plus responsable et durable. Ce n'est pas qu'une histoire de " Bobo " ou un alarmisme dépriment.


Nous alarmer, nous mobiliser, nous bouger pour des bouts de tissu. C'est dire qu'il est temps et plus que temps d'arrêter la prudence car ce réchauffement climatique se fera avec ou sans les êtres humains. Et c'est nous que nous tentons de garder dans la boucle. Nous faisons parti de cet écosystème sans pour autant être indispensable.




7> Le prix n'est pas la " seule " échelle de valeur : Avertissement: je parle de ce que je connais en tant que fille de 29 ans avec en un toit sur sa tête, de la nourriture dans son frigo, ses factures payées et des fringues...en gros, je sais que par rapport à certains je suis privilégiée, je m'en rends compte.


Ce point est juste là pour rappeler que le prix sur l'étiquette n'est pas le principale argument d'achat. Bien que nous évoluons dans une société dans laquelle les institutions tentent de nous éduquer dans l'idée que notre valeur humaine et notre épanouissement dépendent de notre capitale. J'entends souvent l'argument du recourt à la grande distribution pour son assiette ou au fast fashion pour sa tenue...comme une obligation/non choix.


Il y a 7 ans, je partageais cette vision de la consommation. Si je souhaitais être stylée, je devais posséder un maximum de pièce accrocheuses et donc à petit s prix car mes revenus ne me permettaient pas de gros investissements. Puis à force de curiosité, de recherche et développement de mon activisme/militantisme de consommatrice. Je me suis rendue compte que je ne me sentais pas moins belle et ni fauchée avec mes vêtements responsables, durables et éthiques. Ce qui change c'est que j'ai diversifié ma garde de robe en achetant de temps en temps et plus conscient. Sincèrement, une fois qu'on connait les trucs & astuces c'est marrant ( et je vous les partagerai très vite, promis...c'est le prochain article mode) J'ai découvert des marques comme Reformation ( Américaine), Made & More ( Belge), Les Récupérables ( Française), Maison Château Rouge ( Française), Paula ( Belge ), Toni Captain ( Belge) qui demandent toutes un investissement plus conséquent que des marques standards mais ce que je gagne avec le seconde main, en réparant des pièces encore belles...un peu vieillies, en fabriquant maison...je le mets dans les marques que je viens de vous citer.


2019, la monoculture c'est dépassé. Nous somme là pour créer du collectif à long terme. Le " J'achète et jette car de toute façon c'était que 5 ou 10 euros " c'est " has been ". Et acheter sans cesse pour tout vendre en vide dressing ou sur vinted : est contreproductif car vendre sans cesse des pièces industrielles c'est continuer à nourrir la bête avec des pièces ayant une obsolescence programmée.




8> Est-ce que ce vêtement est " nécessaire " ? : Derrière cette question, je vous parle en tant que consommatrice et créatrice. Il m'arrive de me balader en rue de voir des t-shirts publicitaires, de suivre les actualités mode qui annoncent des collaborations entre un tel ou un tel, de relooker les vitrines des magasins et balader mes yeux en générale pour avoir des inspirations. Très souvent lorsque je dessine une possible nouvelle pièce. Je me demande " Est-ce qu'elle sera utile ? Est-ce qu'on l'a déjà vu ailleurs ? Est-ce que je suis parvenue à apporter une véritable recherche créative et personnelle ? Est-ce que je l'imagine sur une personne ou je crée pour la performance ? "


Oui, je suis quelqu'un qui a besoin de sens pour nourrir ou faire ce que je fais. Et C'est là que je veux en venir. Il m'arrive régulièrement de me dire que beaucoup de vêtements ne sont pas relevants. Lorsque je vois un t-shirt avec juste le logo avec le nom de la marque, je me dis à part décider d'être un spot de pub pour la marque...je trouve que c'est une confection inutile. Je pense à la logistique qui est mis en place, les personnes qui les ont cousu, les bateaux qui les ont transporter tout ça pour avoir un logo sur son t-shirt. On n'a plus de talents, de choses à dire/transmettre et de ressources que ça !

En plus ces vêtements publicitaires représentent une grande partie des revenus des groupes du prêt-à-porter moyen et haut de gamme. Puisque faute de pouvoir s'acheter un vêtement créatif de la marque car trop cher souvent on se rabat sur l'image de la marque ( surtout en temps de récession et nous y sommes encore).


Je trouve que c'est une perte de temps, de textile et d'argent. J'ai le même raisonnement avec certaines pièces, je ne me mettrai surement pas à créer une marinière car je sais que beaucoup de marques le font déjà bien et je préfère partager les bons plans que créer une version standard et non pertinente pour suivre la tendance. C'est pour cette raison en autre que j'ai décidé d'arrêter de faire des collections et suivre des tendances.


Au fur et à mesure je faisais des vêtements non relevants. Le seconde main est un bon plan pour ça, il y a pleins de basiques, d'intemporels qui font l'affaire ( pour les petits budgets ) ou certaines marques innovantes réinterprètent ingénieusement des classiques, c'est super sur le long terme . Cette solution me donne le sentiment d'économiser des ressources pour un vêtement plus sympa ou innovant.


En conclusion, je réfléchis énormément surtout en ce moment...c'est pour cette raison que mes articles sont moins fréquents. J'ai envie de créer des articles pertinents, des vidéos utiles, des peintures relevantes et des vêtements nécessaires pour que ma vie aie le sens que je veux lui donner et que je le partage ici et ailleurs avec vous.


A bientôt et n'hésitez pas à contribuer à l'article avec vos propres réflexions !

Marianne

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