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JE BOSSE DONC JE SUIS ?


Une réflexion personnelle à voix haute ça vous dit ? Si oui, je vous invite à lire la suite de cet article. Depuis presque 3 ans, mon cerveau, mon corps, mon quotidien et ma priorité sont de faire en sorte que ma santé s'améliore, se stabilise et soit plus facile à vivre.




Je remarque que depuis fin 2016 (date d'arrêt de mes activités avec Deux pouces arts - prêt-à-porter & couture)j'ai vécu différent stade " d'identité professionnelle & sociale " lorsque que je me présente à de nouvelles personnes ou que je débarque dans un nouvel environnement.


AVERTISSEMENT : Ce qui va suivre est un partage personnel suite à des discussions avec des amis, des connaissances, des inconnus couplés à des lectures et visionnages de documents qui abordent cette thématique. Je ne dresse rien de scientifique ou pédagogique juste un texte/ une réflexion au feeling comme si on prenait un thé ensemble en discutant.


Les premiers mois de ma convalescence ou mon chômage ou ma non-contribution à la collectivité, je les ai très durement vécus. Depuis gamine, je me projetais comme une " girl boss " qui court partout pour faire fonctionner son atelier, payer ses collaborateurs, vendre ses toiles, acheter ses tissus, monter ses expos, organiser ses défilés et élever ses enfants. C'était LE BUT DE MA VIE être une entrepreneure-maman-amie-sœur accomplie à 35 ans minimum les cases devaient être cochées. Je voulais avoir 10ans d'expérience en tant qu'artiste peintre et créatrice de mode, une maison avec une pièce pour peindre proche de la salle de jeux de mes deux enfants. En 2016, j'ai compris que j'allais vraiment devoir revoir mes plans alors que j'étais plutôt bien partie pour me réaliser.









J'étais clairement en COLÈRE envers moi-même et mon corps. Même après avoir averti sur les réseaux sociaux de l'arrêt de Deux pouces et la suspension de mes activités pour une durée indéterminée. J'étais dans un DÉNI. Je me présentais toujours comme styliste en activité, je reparlais de toutes mes réalisations. Je donnais mes cartes pour qu'on me contacte malgré la contre-indication médicale. J'étais mon travail, ma réussite professionnelle...et puis, c'est tout !


A cette époque, je débutais également ce blog, tâtonnais dans le blogging. Cette colère, cette amertume est restée durant 9 à 10 mois. La phase qui a suivi, était LA DOULEUR & LA CULPABILITÉ. Je me sentais tellement à bout car le traitement était encore laborieux et ne faisait pas encore effet. Je me sentais comme un poids pour chacun de mes proches surtout mon ex-compagnon dont j'acceptais tout et étais une éponge émotionnelle.


J'avais ce sentiment que je ne servais à rien, que je ne contribuais à rien...plus ce sentiment grandissait plus je me m'isolais car je n'étais plus rien puisque je ne parvenais même plus à couper dans un tissu ni à tenir un pinceau assez longtemps. J'avais trahi mes rêves et loupé ma vie.


Je me suis alors encore plus raccrochée au blog en démarrant la chaîne YouTube avec des interviews de personnes inspirantes et inspirées. J'avais besoin de questionner ces personnes sur " Qu'est-ce qui fait ...qu'ils réalisent ces objets, ces services, ces actions au quotidien ? " Comme je ne parvenais plus à voir ma lueur, écouter celle des autres m'aiderait peut-être.




Durant cette période de douleur et de culpabilité, je me présentais comme " Je m'appelle Marianne, je suis malade en convalescence et ex-créatrice & artiste ". Le blog commençait à être suivi, relayé et je lisais vos retours sans forcément les comprendre et les accepter.

A force de me plaindre et être l'ombre de moi-même, mon compagnon de l'époque m'a encouragé au bénévolat. J'en avais déjà parlé sans trop donner suite.


Fin 2017, j'ai répondu à des offres sur le site de volontariat francophone. Cela m'a amené à être Coach de terrain pour l'ASBL " MicroStrart " une association sans but lucratif qui accompagne des (futurs) indépendants dans la création ou l’optimisation de leur entreprise grâce à des micro-crédits de 500 à 5000 euros combinés à un coaching gratuit selon leurs besoins.


J'ai d'abord eu les premiers mois un souci de légitimité car je me suis rendue compte que j'accompagnais des personnes plus âgées que moi donc qui suis-je moi pour leur donner des conseils. Mais voyant que mes 4 années d'expériences avec Deux pouces étaient utiles à d'autres, j'ai commencé à me détendre et à me RECONSTRUIRE.

A cette époque, c'était " Je m'appelle Marianne, je suis styliste & artiste en pause carrière pour des raisons de santé ".


L'année 2018, j'ai pris des grands virages dans ma vie. Je me sentais de nouveau " vivante" le traitement commençait à faire effet. Je me suis sentie pousser des ailes. J'ai lancé " MULAKOZè ATELIER " car je me disais c'est bon ça va mieux, tu peux te remettre aux choses sérieuses. J'ai lancé une boutique en ligne, je faisais tout (les photos sauf une séance photo en collaboration avec Lynn, la mise en page, le suivi des commandes, la publicité, etc.).

J'ai quitté mon compagnon me rendant enfin compte que je n'étais pas la raison de tous nos problèmes de couple, fait de même avec ma mère adoptive en digérant que ce n'était pas interdit de nommer les problèmes de parentalité...j'ai divorcé de cette dernière.



Je me souviens avoir pleuré dans les bras de ma meilleure amie en lui disant " Je suis qui maintenant, j'ai tout quitté cette année pour enfin m'écouter mais punaise ça fait mal ". Fin 2018, un bilan assez contradictoire j'ai fêté mes 29 ans, célibataire et sans maman...heureuse & fière. Et d'autre part, MULAKOZè ATELIER ne marchait pas, j'avais de nouveau cru que ma vie était mon job et donc ma santé était de nouveau dans le rouge.


" Je m'appelle Marianne, je suis nulle part et malade "


Janvier 2019, j'ai pris conscience qu'il ne suffisait pas de dire pour l'être. J'ai accepté que ma reconstruction prendrait du temps et que je ne connaissais pas encore ma direction.

J'ai levé le pied avec MULAKOZè ATELIER résilié mon contrat pour la boutique en ligne. Je me suis concentrée sur le blog et la chaîne YouTube car il continuait à grandir et que je commençais à accepter que mes mots, mes interviews, mon travail faisaient du bien à d'autres personnes que moi. J'ai lancé la partie collaboration rémunérée ou pas car j'ai décidé de me prendre au sérieux avec le blog. J'ai fait une pause avec les vêtements et confectionné que pour le cercle proche. Je me suis autorisée à porter mes propres créations enfin.


Nous voilà presque fin 2019 et je me présente ainsi " Bonjour, je m'appelle Marianne et j'ai créé un blog, j'accompagne des entrepreneurs et je fais des vêtements et des peintures/ dessins. Et je cherche à concilier toutes ces passions/boulot avec ma santé compliquée. " C'est long mais quand je dis tout ça, je me sens honnête avec moi-même et mon interlocuteur.


Au bout de presque 3 ans, j'ai compris que je n'avais pas loupé ma vie si je n'étais plus considérée comme une personne qui contribue à la richesse nationale et qui alimente de manière " active " le système. Depuis 2 ans, je me sens active sans être rémunérée auprès d'indépendants que j'accompagne. Je ne peux pas chiffrer ma contribution à leur affaire mais beaucoup se portent bien donc je me sens dynamique et utile pour eux et notre société.


Je passe de plus en plus de temps sur le blog et le prend de plus en plus au sérieux alors dois-je le faire basculer vers l'étiquette de " boulot rémunérateur " ou le laisser dans hobby bénévolat. Une réponse à cette question n'est pas forcément nécessaire puisque j'ai compris que les choses pouvaient bouger...que le boulot n'était pas qui j'étais.




Que je suis Marianne point et derrière cette réponse se cache de multiples d'activités, sentiments, aspirations, priorités, besoins, (in)certitudes et cheminements.


" Que faire pour être " ne me rendrait pas épanouie que la priorité était de me vider " l'esprit " en m'autorisant une année sabbatique (au minimum), cette année sabbatique a débuté en février 2019 lorsque mon rhumatologue m'a annoncé que mon lupus était en très bonne voie. Que j'avais réussi à le stabiliser et que je pouvais continuer comme ça. A cet instant, je me suis dit " Pendant au moins 1 an tu te lâches la grappe, fini de penser rentabilité, efficacité, retour sur investissement, reconnaissance, etc. ". J'ai débranché et je me suis " obligée " à décliner les commandes surtout celles sur-mesure très rentables mais émotionnellement assez prenantes.


En conclusion, je partage cette réflexion de la place qu'occupe notre travail dans notre estime personnelle, notre cerveau, notre couple, nos liens sociaux et notre valeur sociétale. Je me souviens comment les premières années de la création de ma marque le fait de me présenter comme indépendante dans la mode et l'art suscitait comme réactions/validations chez des amis, connaissances ou inconnus.


J'avais l'impression de prendre des douches de paillettes car socialement parlant " j'étais quelqu'un " il m'a fallu du temps pour accepter mon changement de statut social car j'ai toujours voulu contribuer activement (donc avec l'argent) à notre société puisque selon l'ancienne moi, si je n'y parvenais pas...j'étais personne.


Alors je pense qu'on devrait un peu moins penser fiche de paie, rentabilité (Yes, facile de dire ça quand on n'est pas dans le besoin. Je suis d'accord avec vous et je me sens chanceuse d'être dans un pays où je peux me soigner sans stresser pour d'autre choses...sincèrement, je le sais) et peut-être un peu plus penser revoir nos échelles de valeur ou nos buts de vie ou nos symboles de réussite.


J'espère que cet article vous aura apporté quelque chose, si oui, n'hésitez pas à me le dire en commentaire ou via cette adresse mail mulakozeblog@gmail.com. Ce blog ne me permet pas de payer mes factures ou de partir en vacances à Singapour...soit, il me permet et m'apporte beaucoup d'autres choses non quantifiables mais réelles...c'est ça aussi (et surtout, selon moi) notre société.

Prenez-soin de vous et je vous embrasse !

Marianne

xxx

P.S : L'argent n'est pas Satan...mais ce n'est pas tout non plus ;-) J'ai juste quitté cette philosophie de dis-moi combien tu gagnes ou ton poste ou ta profession...et te dirais combien tu vaux ou qui tu es !

Photos de Lynn Vanwonterghem - LOOK : Robe Devernois ( Seconde main )- Gilet en simili cuir ex-Deux pouces/nouveau Mulakozè ATELIER (taille 42) - Fleurs dans les cheveux Veritas - Boucles d'oreilles Six & Chaussures Orthopédiques ORTHOTEC Ans.








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