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HUMAINE, TU SERAS


Rétrospective ou pas rétrospective...Bilan ou constat...Pourquoi se pencher sur son année ? Besoin ou Rituel ou Injonction sociale ou bavardage ?


Rien de tout cela ou tout à la fois !


Nous sommes samedi et depuis 4 jours, nous écrivons 2020 lorsqu'on nous annotons un papier. Nouvelle décennie et nouveaux espoirs ? J'ai dit " Bye bye à 2019 " comme tant d'autres.

2019, l'année des 30 ans, cet âge palier qui me renvoie à d'autres anniversaires tels que les 25 ans du génocide des Tutsis au Rwanda et mon arrivée en Belgique, les 20 ans du décès de Papa et les 10 ans du décès de Grand-mère. Quelle ambiance me direz-vous ?


Et bien tout à fait quelle ambiance, ai-je eu en 2019 ?


My Power - de Nia, Beyoncé, Yemi Alade était la bande-son de mon début d'année, j'ai démarré 2019 avec ce sentiment que j'allais tout déchirer. Que la déprime post diagnostic/ rupture parentale et amoureuse était digérée car c'est connu " La vie continue " puis après deux ans, de glandouille...oups, de convalescence...il était temps de redevenir quelqu'un socialement, de gagner son pain, de serrer des mecs car le célibat c'est un statut dont il faut " vite " se débarrasser ou sinon il nous colle à la peau et je devais réagir. J'ai tenu trois mois avec ce discours. J'ai fait le job, commencé une histoire avec quelqu'un et gardé le sourire.





Fin mars, j'ai senti mon corps et mon esprit me lâcher, vous savez cet instant où vous vous dites " Toi, tu as été trop loin ". C'était juste après le tournage de l'émission " Tou.te.s les Mêmes " avec Julien Ménielle, Léa Bordier et Stanislas. J'ai mis fin à cette histoire puisque mes cordes de marionnettes cédaient et j'ai fait le hérisson car je sentais que la chute allait faire mal.




Je me suis littéralement roulée en boule dans mon lit et d'avril à mi-juin, j'ai tout lâché. J'ai pleuré, j'ai arrêté de répondre au téléphone ou de sortir, me nourrir me fatiguait souvent. J'ai eu une dépression. Les souvenirs et les cauchemards du génocide sont revenus, le manque de mes proches décédés, la douleur de cet échec parentale, les raisons qui ont fait que je n'ai pas de figure maternelle saine, mes passions que je ne parviens pas à re-professionnaliser et mon corps irrégulier comme à son habitude. J'étais dans un état d'angoisse et de détresse tel que je vivais la nuit et dormais le jour pour diminuer la force des traumas. Là, vous vous dites " Bordel, pourquoi elle n'a rien dit ?" Bien je me le suis dit aussi " Pourquoi tu ne dis rien ? " car à ce moment-là aucun son ne sortait de ma bouche. Ma bande son était plutôt The Gulag Orkestra - Beirut, un son fait de cuivre, de pauses et assez triste, je trouve bien que très beau. Début mai, j'ai commencé à en parler à une proche, c'était la 1ère main que j'ai tendue sans pour autant sortir de cette déprime, le second essai a apporté un léger " mieux " en parler à une autre de mes proches m'a permis de prendre conscience de l'ampleur de mon mal-être. Je me suis faite peur mais j'avais encore besoin de pleurer mes morts, mes maux, mes pertes, mes manques, mes peurs, mes frustrations et mes limites.


Puisque rien ne va plus, il est vital de s'aider. Ce qui est assez incroyable c'est que tout en vivant intérieurement cela...je suis parvenue à participer au Projet Model'Toa : Un défilé qui a eu lieu le Samedi 11 mai, organisé avec une dizaine de maisons de jeunes. Les enfants, ados et adultes ont créé une centaine de tenues à partir de matériaux de récupérations et je les ai accompagnés dans la réalisation de leur tenue. Un très chouette projet que j'avais mis en avant dans cet article/vidéo. J'ai également participé le week-end suivant à Woman Up - une rencontre de deux jours organisée par Les Youtubeuses Antitésie & Esther Taillifet accompagnées de leur amie Claudia. Une très belle expérience humaine et professionnelle. J'y ai donné ma 1ère conférence. C'était très " flashant " de parler devant autant de monde de mon parcours de vie (perso & pro) : Pourquoi & Comment mes métiers se sont construits en écho à ma vie personnelle. Ce que je retiens de ces deux projets, c'est cette chanson : Ave Cesaria - Stromae. Et je suis rentrée chez moi avec ce sentiment d'être une " arnaque " bien que légitime dans mon travail et cette chanson accompagnait mes pensées Little Black Sandals - Faada Freddy.

C'est le fait d'aller voir une de mes plus vieilles amies défendre son mémoire et fêter sa réussite qui a produit un électrochoc. Cet évènement associé à l'arrivée de l'été qui est souvent une période plus légère pour moi car mon corps m'entrave tellement moins. Mes 3 pathologies me foutent plus la paix. La charge mentale " santé " est moins prenante et j'étais en plus parvenue à faire cicatriser ma plaie au pied gauche...comme un signe que l'esprit et le corps sont de nouveau alignés et partenaires. Cette déprime était aussi associée un sentiment de culpabilité de bruler mon temps alors que d'autres ne l'avaient pas. J'ai commencé à en parler et à mettre des mots grâce au retour de mon rendez-vous mensuel chez la psychologue.




J'y suis allée sur un air de J'reste debout - Sexion d'Assaut ... en mode " défaite " de ne pas être parvenue à m'en sortir toute seule et d'être encore assistée même pour mon bien-être mental. Et consciente, qu'il était temps car je me faisais peur. J'ai entamé mon analyse à 20 ans et oui, je pensais qu'à 29 ans...j'aurai réussi à ne plus en avoir besoin. Il semblerait que non, après presque 1 an de pause, j'ai repris mon analyse. Et j'ai de nouveau pleurer. J'ai évacué ce qui était lourd, trop lourd à faire avec ou vivre avec.


Ce n'était pas beau mais nécessaire et je suis revenue le mois d'après et les suivants. Ainsi 2019 a été l'année où j'ai appris à demander de l'aide car je pense que le " Sois forte et serre les dents " que j'ai tant l'habitude d'appliquer pour moi. Étant pourtant dans un discours plus indulgent et doux lorsqu'il s’agit des autres. D'ailleurs c'est ce que j'ai dit lors des premières séances : " J'ai eu une claque d'égo, une claque existentielle, une belle claque en fait ! "

L'année qui vient de se clôturer est selon moi la fin d'un cycle : composé d'une confrontation physique qui se termine par une confrontation psychique.

Les deux ans de recherche du bon dosage pour mon lupus articulaire et d'accompagnement médical pour mes pieds et ma joue droite ont été rudes physiquement et émotionnellement. J'ai dit au revoir à beaucoup de choses avec regret et difficulté. Et je réalise que l'élément le " plus " sûr, mon moral a chuté la troisième année. Grâce à mes séances psy, je me dis que c'était écrit. L'humaine en moi se laisse évacuer des coups durs et la machine est en panne.




Mes proches ont répondu à mon appel à l'aide lors de la journée anniversaire des 20 ans du décès de Papa (et vous aussi, vous avez été nombreux à me laisser des jolis mots, merci beaucoup). Ils m'ont rendu cette journée agréable voir même pétillante à de nombreux moments. A la fin de celle-ci, ils m'ont dit " N'hésite pas, on peut refaire ça l'année prochaine. On est là ! ".

Fin de l'été 2019, me sentant mieux, j'ai demandé conseil à mes proches et réservé mon voyage en solo au Portugal, la première partie du voyage est ICI.


Mes 30 ans ont été trois jours festifs, trois jours de pleine conscience qui clôturent une année prenante, déstabilisante, déprimante et impressionnante. 2019, j'ai senti et vu mes tripes, je me suis sentie vulnérable et sans armes et j'ai sombré. Vous pouvez me dire comme d'habitude...change de refrain ;-) et je ne vous en voudrais pas. J'ai moi-même eu cette réaction et je pense que c'est une des raisons de ma non-assistance à personne en danger.

J'avais l'impression au départ que ça allait passer car c'était le reste de mes coups durs physiques car le début de ma convalescence est à la fois proche et loin en même temps. Il m'arrive de me dire que c'est derrière moi et trébucher la seconde d'après.

Cette belle gamelle psychique est l'alarme de mon être après celle de mon corps.

Ma convalescence physique ne terminera pas puisque par définition une maladie auto-immune, progressive et incurable est une partenaire à la vie, à la mort. Mes 8 doigts et mes orteils ne repousseront pas alors autant sécuriser le vieillissement de ce qui me reste au jour le jour avec l'aide des professionnels et des proches. Plutôt que de croire que ça n'a aucune conséquence sur mon quotidien. Même chose pour ma joue maigrichonne.


En soi, il me faut psychologiquement comprendre que le déni ne me rendra pas ma vie d'avant. Il est impossible de réécrire l'histoire alors l'occulter ne me rendra pas service.




Je démarre cette nouvelle décennie avec plus d'humilité, de fragilité assumée et de sincérité exprimée. Je corresponds plus au discours que je partage car je l'applique de plus en plus et je respire bien que professionnellement l'année écoulée n'a pas mis de beurre dans mes épinards.

Je commence 2020 avec l'espoir de continuer mon voyage, le blog, mes créations et surtout ma vie comme vous le verrez au jour le jour. J'ai décidé d'arrêter de faire des plans ou des promesses que je ne pourrais pas tenir. Par contre, je prendrai le temps de me nourrir comme il le faut, de me soigner le corps sans oublier l'esprit et de me lâcher la grappe car à force de constamment me stresser à être " un exemple" ou à être à la hauteur de mon éducation ou des idées de réussites que j'ai encodé dans ma tête en grandissant. Je m'épuise, me déprime et me fane !


La faute à qui ? La réponse n'est pas relevant. Que vais-je faire avec ça ? Cette réponse est vitale et elle démarre maintenant avec cet air Presente - Liniker.


Après cette mise à nue, je tenais à vous remercier pour votre soutien. Niveau " statistique" le blog a moins " marché" en 2019 car j'ai été moins présente et proactive...sincèrement, c'est qu'il me fallait ce temps. Alors " MERCI INFINIMENT " d'avoir été patient.e, de soutenir ce projet et d'être encore là ou d'arriver et découvrir la route parcourue. 2020 sera ...la suite et j'espère que vous la vivrez avec moi à votre manière. Je le répète puisque c'est important le blog débute par moi et va vers vous. N'hésitez pas à y prendre part activement sous la forme qui vous ressemble.

C'est un article où je parle de dépression car elle existe et que je l'ai vécu, une nouvelle fois sous une autre forme. La machine que j'étais, a eu du mal avec ce mot car je me suis toujours vu comme un roc. C'est arrivé et ça m'arrivera sûrement de nouveau de flancher. Avec cette expérience, je saurai y faire face autrement et demander de l'aide plus aisément car la honte n'est plus là...puisque " Humaine, je suis et serai ! "



Belle année à vous et à ceux qui comptent pour vous. Je vous souhaite de mieux vous connaitre et ainsi agir dans les projets qui prennent racine à votre " source "et parcourent votre corps et votre esprit. Mes morts et mes (sur)vivants m'ont appris à aimer et être aimée alors je vous le souhaite de tout cœur. Faites les choses de votre vivant malgré les contraintes même une miette ça compte. Je vous laisse, passez un bon premier week-end de cette année 2020. Oui, nous y sommes =D

A bientôt !

Marianne

xxx



Photos de Lynn Vanwonterghem - LOOK : Pantalon PAPRIKA - Débardeur DON D'UNE AMIE - Veste à sequins bicolor H&M (2014) - Collier " Panthère " DODO - Boucles d'oreilles venant d'Irlande ( CADEAU D'UNE AMIE) - Sneakers ADIDAS NEON ( toujours les mêmes).



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